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lundi 5 décembre 2011

Langages, Cultures et Ethique

Les éléments suivants reproduisent les slides commentés  d'une conférence faite à Marseille le 29 novembre 2011 dans le cadre du "club du World Trade Center", association venant en support et appui aux entreprises et étudiants qui souhaitent développer le Commerce International et les exportations. Après ma conférence seront remis des prix destinés à récompenser les meilleurs rapports de mission à l'étranger et de stage en commerce international et en  entreprises.

Ce moment fut pour moi l'occasion  d'affiner  un discours et un  texte qu'il me faudra rédiger, mais les éléments qui suivent posent déjà les grands points d'une réflexion engageante  des langages vers la Parole et Le Verbe qui créé la Vie.




Amie, Ami, compagnons sur la route de la Vie.
Pour chacun de vous, ce condensé de ma conférence. Que chacun, dans sa vie, poursuive essentiellement la construction de son être et de son aventure au service de notre communauté humaine.
 Reprenez ce qui vous a accroché, dans ce que je vous ai dit,  surtout en le dépassant et l’achevant: je vous souhaite cette force de créer:  imitez avec beaucoup de discernement,  inspirez vous de ce qui vous entoure avec finesse, surtout appréciez et ayez votre propre jugement.
 Dansez votre vie en sortie de toutes les ornières et formatages dans lesquels nous sommes. Notre monde a besoin de « jeunes » qui innovent et non de « vieux » (attention l’on peut être vieux par l’âge et jeune comme d’ailleurs l’on peut être jeune et déjà vieux,!)  qui radotent leurs histoires et certitudes.
 Faisons tous parti de cette jeunesse généreuse qui veut partager et danser avec tous dans toutes les cultures… pour une éthique nouvelle au-delà des morales parfois mensongères et tueuses.
Merci par votre contact d’avoir stimulé ma jeunesse pour bâtir un monde nouveau: l’époque et tous les changements sont particulièrement propices et nous offrent les opportunités de la VIE.
Jean




















 maintenant, en Avant…..pour créer ton propre chemin…
Cela me rappelle cette phrase d’un rabbi juif du 18ème siècle: « ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaît, tu risquerais de ne pas te perdre! »
Dans la construction de ta vie, il y aura des moments de doutes et de peurs, sache alors que ce sont les moments  privilégiés de ta croissance, mets toi debout et danse. 

pour enrichir ton chemin, certains de mes blogs :
 http://chatelains-nomades-route66.blogspot.com  pour un voyage "culturel" aux US
http://jesuite-boloronus.blogspot.com    des réflexions proovocantes, très provocantes pour progresser sur la construction de son éthique. Ne lisez pas si vous êtes trop moral! 


lundi 11 juillet 2011

Les "dessous" de la séduction.

Les paramètres de l’influence, de la « séduction ».

Séduire: une dimension indispensable et vécue comme telle.... souvent considérée comme innée, ce qui est une ineptie totale. Comme tout, la séduction s'apprend. La vraie question est notre paresse: il est fatiguant de se secouer. Je vous garantis de développer vos qualités de séduction: certes dans vos relations intimes, également dans vos relations professionnelles:  responsable, chargé de projets à faire aboutir, comment effectivement faire en sorte que les collaborateurs accomplissent les travaux promis,  comment avoir du poids et de l’influence surtout lorsqu’on n’est pas en hiérarchique et en plus dans une structure matricielle. A travers cette question complexe, nous rejoignons une préoccupation centrale : comment avoir de l’influence, du poids, de la « séduction » sans sortir les galons du pouvoir ou de l'expertise, le poids du fric, la frime d’une frimousse ou belle gueule. Pour répondre à cette problématique, il faut  introduire d'abord une réflexion/action sur ce qui conditionne l’influence, sur une définition de l’influence et de la séduction.
Une approche consciente et systématique sur les langages ouvre cette qualité humaine de l'influence: toute relation se danse avec les langages.
Première étape: faire la liste des langages, pour se rendre compte qu’ils déterminent et les arts et notre capacité de séduction, avant de nous rendre compte que les langages sont le chemin vers le Verbe, le chemin vers l'Humain, le chemin pour construire notre "Personne".

  1. La liste des langages

 Commençons par la liste des langages.
Exercice sur les langages

     Avant de poursuivre cette lecture; vous aussi,  amusez-vous tout seul ou avec l’aide des personnes autour de vous à  établir la liste des langages humains (pas les langues), ceux  que nous utilisons tous quand nous communiquons. Il y en a une douzaine de différents.

   En plus de 41  ans de métier, comme formateur et conférencier et avec plus de 700 groupes avec qui j’ai pratiqué ce jeu, je n’ai jamais, et je dis bien jamais, trouvé un groupe capable de les citer tous. Et pourtant, ce sont des langages que nous utilisons tous, tout le temps… et il y en a un, à coup sûr, que vous oublierez et pourtant c’est un langage avec un impact important sur l’autre dans les relations, sur vous-même dans la façon où vous réagissez.

     Et si cela peut stimuler votre recherche, imaginez homme que vous voulez séduire une dame, ou vous dame que vous voulez séduire un homme, ou homme-homme, femme-femme. Quels langages utiliserez vous, pour lui faire percevoir votre  "passion" ?

 La liste des langages : écrivez ci-dessous votre liste, avant d'aller dans les réponses; relevez le défi de les trouver tous. 
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....... 

Le classement et les catégories que je propose peuvent se contester : ils se révèlent pratiques.  A vous de classer les langages que vous avez listés dans les catégories ci-dessous, quitte à inventer d’autres catégories :

       Langage verbal

      Langage imagé, appelé iconique      

      Diction  et utilisation de sa voix

      Sons et bruits

      Mouvements du corps liés à la posture, aux gestes, au visage 

      Caractéristiques physiques avec la forme de mon corps, ma taille, et l’équilibre entre toutes les parties du corps (ce langage est souvent sous-estimé)

      Vêtement, maquillage, accessoires personnels, le look

      Stimuli olfactifs

      Comportement de contact avec le toucher

      Langage culturel, social, "formel" du savoir vivre      

      Les codes divers      

      Langage de l'environnement, "écologique" : espace et temps (ces 2 sont en général oubliés et pourtant, vous en conviendrez lorsque vous lirez les développements concernant ces  langages, ils sont "extrêmement" signifiants.

      Les supports - aides - mise en scène

      Les accompagnements


Préalable: ne confondons pas langages et émotions

    Souvent lors des séminaires, comme langages, des participants citaient la colère ou la joie. La colère et la joie ne sont pas à proprement parler des langages, ce sont des émotions qui pour s’exprimer vont utiliser des langages: ma colère va passer dans mon vocabulaire, dans le timbre de ma voix, dans mon visage, dans ma posture... Les émotions utilisent les langages pour s’exprimer, elles ne sont pas les langages.


La liste illustrée des langages:

 Le langage verbal est le premier, premier au sens que nous le citons immédiatement, même s’ il n’est pas nécessairement premier par son impact ni importance. 

  •  Ce sont nos mots, notre vocabulaire et la structure de la langue spécifique que nous parlons: ce langage verbal se révélera à travers l’étendue et la précision de notre vocabulaire.  Nous ne percevons en conscience que ce que nous pouvons nommer, un vocabulaire limité limite ma perception de la vie.  A moi, chaque jour, d’apprendre des mots nouveaux dans ma langue maternelle et dans des langues nouvelles pour ouvrir ma vision de la vie. (Chaque jour, depuis de nombreuses années, je m'efforce d'apprendre 4 à 5 mots nouveaux par jour: je les écris sur des petites fiches. )
  •  Ce langage verbal me situera aussi dans le temps à  travers le temps des verbes:  il y a jusqu'à 14 temps de verbe différents en français. 
  • Ce langage verbal me révélera par la correction et la grammaire que nous maîtrisons, sans compter une certaine élégance, qui semble bien oubliée de nos jours, sinon décriée: ces femmes qui veulent séduire et qui utilisent un langage de charretier en possédant à peine trois cent mots de vocabulaire ! vous ne me croyez pas : regardez n’importe quelle émission de télé qui veut nous présenter les soi disant libérations dites féminines.(j'ai parfois certains moments d'exaspérations et donc partiaux, mais je ne veux pas participer à ces dérives, pour l'honneur de la féminité!)
  • le Langage verbal peut enfin se présenter sous la forme écrite.

           

Directement lié au langage verbal est ce qu’on appelle le langage iconique. La façon dont nous illustrons notre message par des images, symboles, mais aussi notre façon d’utiliser les schémas, graphiques, dessins et les couleurs. Ne dit-on pas parfois, « si t’as pas compris, je vais te faire un "crobar"». En plus actuellement, à notre disposition, existent des outils efficaces de photos, films, slides, dont nous pouvons illustrer nos propos pour  les souligner ou les "noyer"!      Pensez à la dernière présentation à laquelle vous avez assisté et posez-vous la question de la pertinence des supports: il ne s'agit pas là de faire une critique en règle mais de créer le réflexe du regard "appréciateur".     

Parfois confondu avec le langage verbal ou identifié à lui : l'impact de notre voix avec la diction, à savoir l'articulation, le volume, le rythme, l’intonation et notre timbre. Il s'agit vraiment d'un langage spécifique. Pour preuve, cette expérience d’un message souvent contradictoire où la voix contredit complètement les mots. Cette personne qui affirme verbalement qu'elle est calme et sereine, alors que sa voix trahit une véhémence au bord de l'explosion!  Je me rappellerai Ségolène Royal annoncer à Vitrolles sa décision pour se présenter aux élections présidentielles, plusieurs personnes me l’ont confirmé, son timbre de voix donnait le sentiment qu’elle allait à l’échafaud ! D'ailleurs sa voix la desservira. Quelle présentation récente, quelle relation a été desservie par la voix ?  

 Langage des sons et des bruits : nous avons des cris, des onomatopées et des sons qui indiquent joie, douleur, peur, appréciation, dégoût.

Les langages non verbaux

 Après ces langages liés à la parole, une autre série de langages  est liée au corps, d’abord aux mouvements du corps, appelé aussi comportement kinésique.

  • Ce sont tous les éléments de posture : notre raideur, souplesse, immobilité, agitation,  également notre tension musculaire et même la façon dont nous respirons, très révélatrice.   Cela nous exprime et exprime l’autre.
  •  S’ajoute à cela  tous les éléments gestuels : des bras, des mains, de la tête, des jambes, volontaire ou non…avec nos gestes parasites ou tics.
  •  Et certes, central et directement expressif, notre visage avec ses mimiques, sourires, grimaces, regards...
    • A la télé, tous les jours rendons-nous sensibles à ces expressions...


 Autre langage lié au corps, souvent oublié : nos caractéristiques physiques.

Les éléments structurels de mon  corps, image et apparence dans son allure, sa morphologie, sa corpulence, sa  taille, son poids, sa chevelure, la couleur de peau, des yeux, et mon sexe m’expriment. Certes vous ne pouvez pas grand-chose sur ces paramètres (quoique!) pourtant ce qui est sûr en tout cas c’est qu’ils vous disent. Dès que quelqu’un me voit, dès que j’entre dans une salle, ils parlent pour moi. Plutôt petit et "confortable", je joue avec cette bonhomie!  A un moment donné j’ai travaillé avec un directeur industriel monde en charge d’une centaine d’usines. Taille 2m02, ça fait grand quand avec mes 1,71m je me trouvais en face de lui. En plus, très mince, comme coupé au couteau, + polytechnicien, au sens qu’il réfléchissait très vite et parlait donc vite avec de nombreux concepts abstraits. Il était conscient qu’il « glaçait »(sic : son expression) tout le monde. Et ce n’était pas l’image qu’il voulait donner. Il m’a donc demandé de travailler avec lui pour voir comment « arrondir » tout cela. Je n’ai pas pu le raccourcir en lui coupant les jambes, mais nous avons travaillé sur sa diction pour qu’il ralentisse son débit ou en tout cas la varie, nous avons enrichi sa démarche de pensée très conceptuelle et abstraite en la diversifiant par des anecdotes et des exemples. Six mois après, je suis repassé dans cette entreprise et un de ses collaborateurs m’a interpellé : « qu’avez-vous fait à notre chef ? il est beaucoup plus détendu et cool ! » Beau compliment et preuve que les langages se complètent.  Notre physique nous exprime, en lien avec les autres langages.  Sans compter les éléments de la condition physique apparente que je révèle à travers une énergie et un punch qui se dégagent, une santé qui rayonne, ou alors une fatigue et une souffrance qui pèsent, des  peurs ou inhibitions qui réfrigèrent. Mais nous pouvons jouer avec les autres langages pour gérer notre image. Et là je pense toujours au génie d’un comique comme Sim, qui malgré une silhouette et un faciès ingrats, grâce à cela, était un comique hors pair.  Prends conscience de l'image que tu présentes en vue d'un plan d'action pour jouer avec, la diversifier, l'imposer. 

 Dans votre liste de langages vous avez certainement pensé au look avec vêtement, maquillage, accessoires personnels comme lunettes, pipes, ou cigarettes et tous les autres objets qui participent de notre image. Sans oublier la "voiture".  Si l’habit ne fait pas le moine, il faut le choisir. Il y a environ 25 ans, l’on m’a demandé de faire une conférence pour des jeunes d’un grand cabinet d’audit international. Comme toujours, avant, je me suis demandé quel était le look approprié. Je m’étais dit : jeunes, dynamiques, devant manifester punch,  j’avais choisi comme tenue,  pantalon et chemise classe claire avec cravate, + un blouson de cuir très chic. Je me suis retrouvé face à 40 consultants en costumes 3 pièces, sombre, chemise blanche. J’aurais du me douter que ces jeunes, conseillant des cadres de grandes sociétés, devaient s’imposer par une image de très grand sérieux. J’ai utilisé cette bévue pour démarrer ma conférence et montrer l’importance des langages. L’habit n’est jamais neutre et ainsi quand j’animais des séminaires pour opérateurs et ouvriers, je mettais toujours une cravate, sinon moi qui ne suis pas ouvrier, je leur donnais le sentiment que je voulais faire « ouvrier ». Je pouvais abandonner la cravate après.  Et cela a de l’importance, comme tous les objets : vous draguerez différemment en Porsche ou en 2CV.  Ne négligeons pas les « pins » des bons clubs, Rotary, Lyons,  ou les médailles accrochées au revers de nos vestes. Commence et poursuis une garde robe qui te permettra de jongler avec les situations, c'est extrêmement "provocant"!Actuellement dans ma vie de "Châtelain", j'apprécie de porter la tenue adéquate, je peux varier et aller jusqu'à porter ma tenue "navajo" ramenée des US ou mon kilt. je ne passe pas les mêmes messages! 
 Certains oublient le langage des stimuli olfactifs. Les parfums ne sont pas neutres. J’ai eu l’occasion de travailler dans une entreprise qui prépare les bases des parfums pour les parfumeurs des grandes marques. Dans un des séminaires participait une docteure en chimie, responsable du laboratoire et des recherches. J’ai découvert combien cela était étudié de très près et que certaines odeurs avaient des impacts très précis au niveau du cerveau, sans compter les phéromones. Il y a toujours eu l’aromathérapie: cette thérapie par les parfums. Cette docteure en chimie et parfums  m’a même donné à la fin une fiole d’un parfum qui me garantissait mon succès à coup sûr ! Pourtant les odeurs sont dans notre société à éviter, car les déodorants doivent maintenant être utilisés : nous ne devons rien sentir alors que les odeurs corporelles sont significatives des émotions. Parler de l’odeur de sainteté est une réalité :  quelqu’un de stressé cela se sent physiquement comme quelqu’un d’heureux. Les chiens et les chevaux sentent nos peurs et nos angoisses, ce n'est pas une image. Comment sens-tu?

En général on n’oublie pas comme langage, le toucher ou le comportement de contact avec la poignée de main, l’embrassade, la gifle, la main dans le dos, les attouchements divers jusqu’aux comportements amoureux. Aimes tu jouer avec le toucher et te sens-tu à l'aise ? Quitte à ne pas y toucher!

 Un langage à ne pas négliger et surtout dans certaines « sociétés »: les langages sociaux "formels", les codes de politesse et de savoir vivre. Cela est parfois un vrai casse tête de savoir lors d’une invitation s’il faut apporter un cadeau et quel cadeau, des fleurs? du vin?… et quand les donner et à qui… Sans oublier les cartons d’invitations, les cartes de visite et les « lettres de château » (cette lettre manuscrite que l’on envoie après avoir été reçu, pour remercier); difficulté: ces règles changent en fonction des milieux et de l'époque.  Faut-il servir l’eau à table ?  J’avais appris qu’on ne servait et ne proposait jamais de l’eau mais alors tu passes pour un goujat si tu te sers toi-même. Et puis en entrant dans un restaurant j’ai appris que l’homme que je suis doit précéder la dame au cas où de l’autre côté  de la porte il y aurait un être mal intentionné : j’étais censé prendre le coup de couteau éventuel.(c'est l'interprétation que j'ai retenue, mais il y en a d'autres). Mais combien de fois avec des dames en faisant ce que j’avais appris à une époque, j’ai donné une image de mal appris…malappris. 

On peut également citer certains codes liés à des "jingle", sirènes et des sonneries et des cloches… avec donc des ritournelles que l’on peut fredonner, signe d’une appartenance à un clan, à une culture.

Enfin deux langages pratiquement toujours oubliés, que j’ai baptisés langages  de l'environnement ou "écologiques" ;  ils s’appuient sur la façon dont nous gérons l’espace et le temps.

 Beaucoup ont entendu parler de la proxémie, de l’espace entre les personnes. Cet espace est un langage. En France, en ville, quand nous croisons quelqu’un qui est à plus de 8 mètres, la largeur d’une rue, si nous n’avons rien de spécial à lui dire et donc si nous ne le cherchons pas, nous ne le verrons pas. Il n’entre quasiment pas dans notre champ visuel. Entre 8 mètres et 4 mètres, la distance publique, il faut se faire signe. Si vous ne le faites pas, l’autre se dit et donc langage, vous lui avez passé un message: « qu’est ce que j’ai fait? Pourquoi il ne me dit plus bonjour ? » Entre 4 mètres et 1m50, distance interpersonnelle, le signe ne suffit plus, là il faut s’approcher, se serrer la main, échanger des « comment ça va ? » ou s’embrasser quand on habite Marseille et ses environs. Et cela est un langage clef pour de jeunes ingénieurs nouvellement embauchés au Service Recherche et Développement, par exemple.  Pour aller dans l’atelier, il leur faut traverser la cour de l’usine et là ils traversent la cour le nez dans leurs problèmes et projets. Et l’on entend de la part des compagnons ouvriers cette remarque : « qu’est-ce qu’ils sont prétentieux ces jeunes ! ».  Ils ne sont pas prétentieux, ils veulent bien faire ; et j’ai dû leur réapprendre, à certains, à serrer des mains. "Perte de temps!" La relation et la discussion se situent entre 1m50 et 45 cm en France. Et d’ailleurs vous ne pouvez pas vous approcher plus près. Si vous le faites consciemment ou inconsciemment vous mettez l’autre très mal à l’aise ; vous entrez dans la distance d’intimité, de 45cm à zéro ou à moins quelque chose m’ont un jour fait remarquer un groupe de médecins. Cette distance de l’intimité est un langage très parlant ! J’aime beaucoup danser, les danses de salon comme  valse, tango, marche, danse où l’autre personne est dans vos bras ! Là, même avec une personne que vous ne connaissez pas vous pourrez danser un tango à moins de 45 centimètres. La musique donne la permission : tant qu’il y a de la musique c’est OK, c’est une permissivité sociale. Quand la musique s’arrête, là cela devient «message/langage»: ne faites rien, laissez venir. La musique s’arrête, la dame reprend ses distances avec un « merci monsieur ».  Aucune chance! enfin cela dépend de vos objectifs. La musique s’arrête et la dame reste un peu, juste un peu  et pas plus dans vos bras ! ah ! Vous voyez, sans erreur possible, sur la piste de danse, les couples qui sont couples, ceux qui deviendront peut-être couples et ceux qui ne seront jamais couples. C’est un langage tellement ancré qu’il est rarement contrôlé  par la conscience et difficile à camoufler. Exercice proposé: regardez dans les restaurants, la distance entre les convives, c'est "parlant". 

 Et le temps: langage capital. Effectivement, être à l’heure, arriver en retard, ne pas aller à un RDV, passe un message à l’autre: le temps est ainsi un langage très important. La façon dont j’utilise le temps est message et l’est souvent comme manifestation du pouvoir.  J’avais un RDV à 9 H avec un acheteur d’un groupe Hypermarchés pour  négocier le coût d’un séminaire ; j’étais dans le hall à 9 H; la personne que je devais rencontrer était là, son bureau était ouvert pour bien montrer qu’elle était présente; elle lisait le journal.  Elle m’a reçu à 9 H 20.  Je sais que ce genre de techniques est parfois enseigné pour bien montrer à l’autre  qui détient le pouvoir.  Je trouve cela complètement dépassé et idiot.  D’autant, qu’en entrant dans son bureau, derrière lui, il y avait une affiche de la Société  listant les valeurs de la Maison: il y avait parmi ces valeurs «respect des fournisseurs ! » Alors j’ai dit : «  j’ai un problème: je ne comprends pas le fait que vous m’ayez fait attendre vingt minutes et votre valeur de Société est le respect des fournisseurs ». Ma remarque a mis cet acheteur très mal à l’aise : ceci dit j’ai décidé que je ne traitais pas avec lui et que je voulais traiter directement avec son responsable.  Certes, vu mon âge et ma situation, je pouvais me permettre ce genre de comportement mais beaucoup d’entre nous, nous vivons des situations où nous sommes amenés à subir et à avaler cette forme d’agression.  Il arrive à tout le monde d’avoir des retards et dans certaines entreprises aussi mais dans ce cas là, régulièrement, une assistante ou le responsable lui-même vient voir le visiteur, le prévient et l’informe du retard, ce qui est très différent.  Ainsi le temps peut être une manifestation de pouvoir.  Celui qui dans l’entreprise gère notre temps, c'est-à-dire qui peut à n’importe quel moment décider d’une réunion, de  l’heure d’une réunion, au moment où vous voulez partir, c’est lui qui est « chef ».  Que dire aussi de ces réunions qui ne s’achèvent pas et où le responsable poursuit et poursuit alors que plus personne n’écoute ; car lorsque le temps est dépassé chacun pense :  « quand est-ce qu’il va la « fermer » ? ; autre pensée : « j’espère qu’un collègue ne  va pas encore poser une question pour se faire bien voir. »  Là aussi, la façon d’utiliser le temps permet la disponibilité ou la fermeture et lors de toute rencontre, de toute entrevue il est toujours important de gérer le temps avec la personne que l’on rencontre pour la rendre disponible ou alors pour volontairement lui passer le message de votre supériorité sur elle.  Réfléchissez à vos propres situations vécues.

Vous pouvez aussi gérer le temps comme outil de pression.  Il y a une différence très importante entre par exemple un responsable qui au moment du départ de son collaborateur à 18 heures lui dit : «  Pierre, il faut absolument que je te voie demain matin, dans mon bureau, à 9 heures, j’ai une chose absolument importante à te dire » et une autre phrase qui consiste à dire : « Pierre, il faut absolument que je te voie demain matin, à 9 heures, car sur ce dossier client un tel, il y a un souci : il faut trouver une solution. »  D’un côté il y a ordre sans contenu et de l’autre côté il y a l’information.  Si effectivement vous voulez stresser votre collaborateur, rien de tel que de formuler une injonction sans contenu.  Vous pouvez faire mieux et formuler cette injonction le vendredi soir: ainsi vous lui gâchez son weekend. Ou encore, avant les vacances, vous pouvez lui dire du style : « pars tranquille, profites-en bien, j’aurai des trucs à te dire à la rentrée. » Nous sourions car nous pensons que nous ne le faisons pas : c’est pourtant un mécanisme, un réflexe que nous avons avec notre téléphone portable: régulièrement nous laissons un message ou quelqu’un vous laisse un message « rappelle-moi d’urgence, j’ai un message important ». Comme il n’y a pas de contenu et si  la personne ne va pas ou ne peut pas vous rappeler d’urgence, vous la stressez. Il y a 6 mois, mon banquier m’a laissé un message me disant de le rappeler d’urgence: j’ai écouté ce message, il était 22 heures et donc toute la nuit, j’aurais pu être stressé ! ce n'est plus le cas! Il s’agissait simplement d’un problème de signature qu’il fallait que je fournisse. Suggestion et recommandation: n’utilisons pas le temps pour stresser quelqu’un sauf si nous voulons effectivement jouer le pouvoir et les galons.  A ce propos deux autres exemples à citer. Je me rappellerai toute ma vie l’expérience suivante.  C’était chez Chanel : une dame participante d'un séminaire que j’animais nous avait prévenu que, ce jour là, elle serait peut être préoccupée, pas complètement disponible car son mari venait d’être opéré d’un pontage coronarien, opération importante. Elle ajoutait : «  l’opération s’est bien passée hier, d’ailleurs ce soir j’ai RDV avec le chirurgien à 18 H. »  Nous avons commencé le séminaire; à 10 heures une assistante frappe à la porte de la salle et dit à Madame ..... : « Le chirurgien veut vous voir à 13 heures. » sans autre information complémentaire.  Je vois encore cette femme se liquéfier.  D’ailleurs elle nous a dit qu’elle ne pouvait pas rester; elle est partie. Nous avons appris le lendemain que le chirurgien, ne pouvant la recevoir à 18 heures, à cause d’un contre temps avait avancé le RDV à 13 heures.  Son mari était en pleine forme. Autre illustration de la façon dont le temps est géré:  je me rappelle cet ami "important", directeur de Sites de production, ayant une expérience et un passé reconnu à travers le monde. J’étais dans son bureau; à un moment donné le PDG de la société l’a appelé au téléphone; j’ai vu mon ami ne pas terminer la phrase qu’il avait commencée en me disant : «  il faut vite que je monte, le PDG veut me voir ». Nous n’avons pas pu terminer l’entretien, il n’a pas été capable de dire à son PDG: "accordez-moi 10 minutes, je termine avec un visiteur".  Signe et message flagrant sur le climat réel relationnel dans cette société.!  Cela vous rappelle quelque chose! 
Ainsi la façon dont nous gérons le temps avec l’autre, dont nous donnons du temps,  dont nous sommes à l’heure est un langage capital: beaucoup de collaborateurs, ouvriers dans les usines, sont extrêmement  sensibles à ce langage. Ils disent régulièrement:  "ce chef, il est sympa, il nous accorde du temps, on peut aller le voir, un tel autre n’est jamais disponible on ne peut jamais lui parler."  Il ne s’agit pas d’être toujours disponible et d’avoir son bureau toujours ouvert soit disant alors que l’on fait la gueule derrière son bureau mais il s’agit, lorsque l’on donne du temps, de réellement accorder du temps. Il est vrai que lorsqu'on a 20, 30,40 ans l'on se dit, à tort d'ailleurs, "j'ai le temps". Un jour à 50 et plus l'on se réveille, l'on se dit: "maintenant, je ne double plus". L'on commence à faire des calculs en soustraction!. Je donne mon temps, personne ne me prend mon temps. 
On peut aussi classer dans les langages écologiques, l’organisation matérielle de l’espace dans lequel on reçoit une personne avec lumière, fauteuil, musique d’ambiance etc....etc...
Autre langage:  les moyens audio visuel que nous utilisons.  Ainsi un tableau papier, un retro-projecteur ou l’ordinateur avec le barco véhiculent une image d’efficacité différente dans la relation.  Si effectivement j’utilise des transparents, des slides,  je centre l’intérêt sur le contenu, si j’utilise des tableaux papier, je centre l’intérêt sur l’orateur que je suis; ainsi l’utilisation de tel ou tel support n’est jamais neutre. 
Un autre langage qui m’a été signalé plusieurs fois, dans mes réunions, c’est le fait d’être seul ou bien accompagné.  Cela est bien connu des réunions où le salarié se fait accompagner d'un représentant syndical. Il arrive que dans certaines réunions son épouse, sa compagne, son compagnon accompagne:  c'est un message que l’on peut faire passer.  Il existe un certain niveau international des repas d’affaires où le responsable est accompagné. Le choix est par qui?

 2. Les langages nous formatent.
Ils formatent la beauté de notre corps, la qualité de nos relations, la splendeur de nos réalisations et la perspicacité de notre vision. Même si je reste tout seul avec ma compagne, à la maison, il est de la plus haute importance que je sois élégant : je m’habille et j’y suis très attentif alors que le pyjama irait très bien ou un « jogging ». Nous sommes en week end!  Certes, parler comme un charretier peut paraître « libéré », mais cela tord le visage et donne les rides profondes de laideur, les rides de l’âme qu’aucun « botox » ne comblera jamais. Se tenir droit à table, etc… etc… à vous de choisir le formatage que vous vous infligez… Vous pouvez ainsi simuler la liberté pseudo décontracté du n'importe quoi, ou  aller dans la vraie liberté celle de l’artiste qui maîtrise tous les langages, car les langages maîtrisées sont des arts.

3. Les langages nous font « artistes ».
Chacun des langages que nous avons cités  devient, s’il est maîtrisé et sublimé, un art. Reprenons la liste :

     Le langage verbal maîtrisé va devenir littérature, poésie, prière

      Le langage imagé, appelé iconique va devenir « peinture, art photographique,  tags, cinéma »

      La diction  et l’utilisation de sa voix avec volume, timbre, rythme va devenir musique, chant. Certaines voix nous enchantent.

      Sons et bruits : là peut se développer l’art des jingles qui sont également des signes de reconnaissance.

      Mouvements du corps liés à la posture, aux gestes, au visage avec toutes ses mimiques deviennent l’élégance de la marche  et de la danse (rien à voir avec ces défilés de mode ridicules où les femmes tricotent avec leurs jambes pour contorsionner leur bassin : "vulgaire qui se veut élégant » ! les gestes nous ouvrent la voie de certains rituels dans des cultures non occidentales. Corps conjugué au visage devient mime. Et certains visages, marqués de leurs rides, sont une oeuvre d'art, resplendissants. Rien à voir avec le masque figé de ces visages figés par la chirurgie pseudo esthétique. 

      Caractéristiques physiques avec la forme de mon corps, ma taille, et l’équilibre entre toutes les parties du corps… là nous pouvons inscrire comme art la sculpture.

      Vêtement, maquillage, accessoires personnels, le look : certes cela ne fait pas partie de la liste des arts officiels, mais quelle beauté s’exprime. Et c’est à apprendre : vivement que Lucie continue à m’initier à l'élégance vestimentaire.

      Stimuli olfactifs : là aussi l’art du parfum est important,  entre ces parfums qui vous matraquent et ceux qui vous élèvent. Il faut de l’art et quel art subtil que celui de ces odeurs que le corps lui-même dégage, quand il est sain. le parfum serait-il l'art de la "sainteté"

      Comportement de contact avec le toucher : savoir toucher et caresser quelqu’un est un art difficile, en tout cas à apprendre, l'art du massage.

      Langage culturel, social, "formel" du savoir vivre : c’est un art et pour moi qui ne suis pas nécessairement né dans une classe d’élégance; cela m’a paru parfois surfait et de la frime et cela peut l’être, mais cela est aussi « agréable » d’être avec des convives policés. l'art du savoir vivre          

      Langage de l'environnement, "écologique" : espace et temps. L’art de l’espace sera l’architecture : effectivement certains espaces respirent, d’autres étouffent de laideur ou d'encombrement. Se développe d’ailleurs le métier d’architecte de l’intérieur. Quant au temps, c'est l'art des rois : "l'exactitude est la politesse des rois"

      Les supports - aides - mise en scène : il est vrai que savoir créer et manier des slides peut s’apparenter à de l’art, si cela n’est pas pour cacher la misère et simplement noyer sous une masse d’informations.

      Les accompagnements. Etre accompagné ou accompagnant relève de l’art, pour savoir au bon moment valoriser l’autre. 


  • Pour couronner ce chapitre sur les langages qui sont des arts,  certains langages combinés créent des arts majeurs: le théâtre, le cinéma, l'opéra, le ballet....


 quelle artiste devenez vous? Dans quel art vous développez vous? L'on me disait parfois "je suis ce que je suis. Point. " je répondais:  (excusez mon langage trivial): "si vous êtes con, vous décidez de rester con!". L'on me disait aussi: "mais si je développe et travaille ces arts, je ne serai plus "spontané". La spontanéité n'existe pas. "chier, baiser, bouffer est spontané!". Le faire en humain s'apprend. Et Elodie qui joue du piano, sait bien que sa spontanéité à jouer Chopin ou du ragtime s'enracine dans des heures et des heures de travail depuis qu'elle a 4 ans. Quand elle joue cela paraît spontané, pourtant quel boulot. Tu veux être spontané, travaille et entraîne-toi d'arrache pied, tous les jours. 

4. La définition de la "séduction"
Maintenant que vous avez la liste des langages, à vous de les apprivoiser, de les déceler et surtout de déceler tous les messages que l’autre envoie et que vous envoyez au-delà, bien au-delà des mots. Là je voudrai citer une statistique américaine. Dans un message, l’impact des langages non verbaux serait de 55%, celui de la voix de 38%... calculez : l’impact du discours, des mots, serait de 7%. Exagération ? Peut-être, atténuons les chiffres, les masses restent parlantes. Je faisais  souvent remarquer aux cadres avec lesquels je travaillais, lorsqu’ils préparaient un « exposé », qu’ils préparaient le texte: 7% de leur efficacité. Je leur demandais : que faites-vous pour être au maxi de votre efficacité physique corporelle, comment séduisez-vous par la voix. Étonnement ! Avant de faire un exposé ou avant toute rencontre, il faut certes préparer le contenu, surtout il faut se mettre dans ses énergie/dynamisme/vitalité ; combien chacun de nous n’avons-nous pas subi de discours sans doute intelligents, mais étouffants. Nous avions envie de dire à ce professeur ou conférencier de nous passer son cours polycopié.  Se mobiliser dans tout son être pour séduire est essentiel. De cela nous reparlerons, car il y a des techniques pour se mobiliser.
En attendant, à vous donc  de devenir un artiste des langages, un artiste de la relation, de l’amour.  Cela se travaille: quel pied !
Nous rebouclons sur la question de départ pour donner la définition de l’influence, de la séduction : ils dépendent de la « congruence » « cohérence» des langages:  lorsque entre les idées émises, la voix et tous les autres langages non verbaux il y a renforcement, l'on dit : « il a du poids » : tous les langages pèsent dans le même sens.  N’a aucun poids ce patron qui abuse de son pouvoir pour imposer ses horaires et sa diarrhée verbale, tout en nous assurant de sa profonde considération;  nous sommes sa "ressource essentielle" et il clame comme valeur le respect des personnes. C’est un « charlot» (et je sais ce dont je parle après 41 ans d’expérience !) même si on l’applaudit, car il est « chef ».  L’influence est définissable et mesurable. Si parfois nous nous sentons très mal à l’aise face à quelqu’un, prenez le temps d’analyser, vous verrez que des langages se contredisent. « ah ce mec, je ne le « sens »pas ! Analysez, filmez-le et regardez, vous verrez des langages se contredire.   Parfois le soir, je rentrais à la maison après le travail, Matthieu, mon fils, qui avait alors 4/5 ans, se précipitait vers moi pour me donner des raisons d’une «bêtisse» faite:  tout son corps me disait qu’il me racontait des "inexactitudes". Je me rappelle encore lui avoir dit : « tu mens, ton nez grandit ». Symbole de l’histoire de Pinocchio : ton corps, tes langages non verbaux ne sont pas en accord, ton corps me dit que tu mens.  Je voyais alors Matthieu, se retourner, baisser la tête, et vérifier avec sa main si son nez grandissait! Innocent et conscient enfant! Il n’avait pas encore appris à « camoufler ». (d’ailleurs il ne sait toujours pas) !
Pourtant « Attention », très attention et challenge passionnant : lorsque nous ne sommes plus dans notre « langue » et surtout notre culture,  ne projetons pas nos interprétations : vivons le "déboussolement" culturel, déroutant mais combien explosant, à condition d’abandonner sa position de touriste qui communique et "baragouine" ou  sa position d’expatrié tourné sur sa communauté, pour s’immerger et boire les tasses inhérentes à cette situation d'immersion dans une autre culture.  J’ai vécu pendant 6 ans avec une compagne américaine, immergé complètement, aucun ami français aux alentours!  Je me suis retrouvé parfois complètement « infans »: sans parole, sans référence, devant tout apprendre: de quoi se taper la tête contre les murs, même si effectivement je « communiquais en anglais » sachant parler !

5 . Langages et cultures
Tous les langages sont inscrits dans une culture. 
Y a-t-il des langages hors culture ou pré culture ? 

      Biologiquement au niveau corporel, il y a des patterns innés et des réflexes qui sont liés aux mécanismes physiologiques du corps humain : ainsi quelle que soit la culture un visage détendu et souriant,  des épaules relâchées, une posture droite, une respiration abdominale, un rythme cardiaque lent sont des messages de détente par rapport à des épaules rentrées, un visage crispé...  un dos courbé...des poings fermés, les larmes avec une respiration hachée, les cris et les hurlements…

Différences culturelles
Ceci dit, tous les langages que nous avons cités au préalable sont inscrits dans une culture donnée et en apprenant ces langages je m’inscris et je me formate dans cette autre culture. Mais se formater dans une autre culture, c’est déjà être conscient de la diversité des approches de la vie et c’est une façon de se libérer. Parler d’autres langues, vivre dans d’autres pays, cela ouvre.
Prenons le langage verbal : le vocabulaire,  les mots que la langue (français, anglais, chinois…etc) met à ma disposition vont conditionner ma perception du monde.  Dans notre langue française nous avons un seul nom pour désigner la neige ; bien sûr nous pouvons y ajouter des adjectifs différents et variés.  Chez les Inuits (peuple indien d’Alaska) 30 noms différents pour désigner la neige: donc un Inuit quand il voit de la neige, voit 30 neiges différentes en plus des adjectifs qu’il peut y accoler.  Ainsi les mots dont nous disposons vont enrichir notre perception du monde.  Il est important de savoir que officiellement, la langue anglaise met à la disposition d’un Anglais 800 000 mots, nombre qui actuellement approche du million chez les Américains, parce que c’est une langue qui s’enrichit tous les jours. Nous n'avons pas le complexe "Toubon"!  Alors que le français, souvent considéré nombrilistement par ceux qui ne parlent pas d’autres langues, comme l’une des langues les plus riches du monde, n’a effectivement  que 400 000 mots.  Bien sûr, ce n’est pas parce qu’une langue a 600 000 mots ou un million que je possède cette langue mais en tout cas cela indique les possibilités qu’elle m’offre pour appréhender le monde. Elle  m’offre une richesse supplémentaire. En anglais, nous nous enracinons  dans deux origines ; l’anglo-saxone et la latine. Tous les mots du vocabulaire français qui sont très classes et très sélects sont des mots qui la plupart du temps sont utilisés en anglais: j'avais plus de vocabulaire et un vocabulaire très élevé aux US.  J’incite mes enfants à bien travailler le français et développer leur langue car ils seront très « classe » quand ils parleront anglais à partir des racines latines ; les mots courants en anglais sont plus de racine anglo-saxone. 
D’autre part au-delà des mots il y a la structure de la langue elle-même qui va conditionner mon comportement.  En français existe le «vous» et le «tu».  En anglais n’existe que le « You ».  Ainsi dans une relation « amoureuse » avec quelqu’un, ce passage très subtil,  du vous vers le tu, qui passera par le neutre à un moment quand nous ne savons plus si nous allons vers l’intimité  est un jeu français qui ne peut pas exister en anglais:  je l’ai regretté.  Et aussi cela peut donner pour les Français un sentiment de sympathie lorsqu’ils sont aux Etats-Unis quand ils ont le sentiment que les relations sont très cordiales parce que l’on est tout de suite dans le « tu » et le prénom.  10 minutes après, dans la rue, cet Américain si cordial ne vous reconnaîtra plus.
Autre différence de langue liée à la structure : en malgache il y a deux types  de « nous »  qui permettent de faire la différence lorsque je parle avec des personnes, entre un nous qui inclut les gens présents et un nous qui désigne des gens absents. Ainsi à Madagsacr si vous dites « nous sommes allés au cinéma » les 2 nous malgaches vous indiquent si vous faisiez partie de ce groupe ou non.  
Autre différence liée à la structure de la langue: en anglais, par exemple, tous les mots sont des noms et des verbes et même des prépositions peuvent être des verbes. Exemple : House – « I am housed »  - back : « I back you » . Ainsi pour un Américain et un Anglais structurés par la langue maternelle anglaise, l’action et le concept sont deux choses très proches et  pour un Américain « penser c’est agir ». Ce n’est pas le cas en français où le concept et l’action sont  deux choses différentes.  Nous réfléchissons beaucoup, les autres peut-être pas assez ? ainsi aux US l’on m’a souvent fait remarquer: « why is agressive ». Les pourquoi, qui sont notre culture, sont perçus de façon agressive; les "comment" intéressent plus un américain. Dans une entreprise française, un PDG me dit que régulièrement lorsqu’il appelle le directeur de sa filiale aux US, un Américain, ils partent en conflit. Je lui demande ce qu’il dit : « mon directeur US me dit qu’il veut pousser tel ou tel projet » et alors?  «  et bien et alors, je lui demande Pourquoi ? » Voilà. J’explique au directeur que ce mot va créer le conflit car quelque part il laisse entendre à l’autre qu’il remet en cause son autorité. Je lui ai donc suggéré de lui demander « comment? " et de déceler ensuite les raisons. Depuis ce jour, plus de conflit. Dans des séminaires que j’ai suivi aux US sur la gestion du corps et du stress : jamais une explication théorique, l’on vous fait pratiquer des techniques et vous pratiquez et longtemps. Ça marche, ça marche. On est pragmatique.  En France pour faire respirer des cadres dans un séminaire j’ai toujours pris la précaution de leur expliquer au préalable les raisons biologiques: pour agir il faut "comprendre" et pas uniquement se contenter de l'efficacité constatée. 
Au niveau de la langue nous pouvons aller plus loin : le temps des verbes est très important et indique la complexité de notre rapport au temps et la façon dont nous nous y inscrivons. En français, si j’ai bien compté nous avons 14 temps de verbe différents: entre les passés, les présents,futurs,  les conditionnels, les subjonctifs, les impératifs etc.... et donc notre rapport au temps est très subtil. Dans beaucoup d’autres langues existent souvent trois rapports au temps :  le présent, le passé et le futur. Ce qui ne va pas dire qu’il y a moins de richesse dans cette langue mais les richesses sont différentes et liées à d’autres dimensions de la langue que nous n’avons pas. 
Autre exemple de structure de langue qui conditionne notre rapport au monde :  en malgache par exemple l’on parle quasiment toujours dans une structure passive :  je ne dirai pas «je bois l’eau du verre » mais je dirai « est bu par moi l’eau du verre » je ne dirai pas « je mange le poulet » mais « est mangé par moi le poulet »  le rapport au réel est majoritairement un rapport « passif »,  un rapport d’acceptation : dans cette culture la démarche n’est pas une démarche volontariste d’action. A l’occasion en échangeant avec le ministre du développement de Madagascar, je lui signalais que dans la langue et donc dans la culture il y avait un rapport au réel qui ne permettait pas nécessairement de s’inscrire dans un système d’action volontariste, dans le système économique dominant, le seul qui existe maintenant, le libéral" où il faut être non seulement actif, cela ne suffit plus, il faut que nous soyons tous "proactifs"!!!!!!  Nous, dans notre langue en occident, par la structure de notre langue nous sommes des acteurs de la vie et nous considérons d’ailleurs très souvent certains pays comme des passifs.  Aux Etats-Unis, j’ai lu, dans une High School, marqué au tableau « the passif form is a fault» ainsi, pour un Américain utiliser la forme passive est une faute; d’ailleurs j’ai fait remarquer au professeur qu’une partie de l’humanité, dans sa langue même, était structurée par le passif. Ces pays, à mon sens auront à inventer et développer un modèle économique autre.
  Autre exemple de structure lié à la langue, à Madagascar, le temps par exemple ne peut pas être une circonstance mais un sujet.  Nous dirons en France : je prends le train à 5 heures de l’après-midi. Cela souligne bien que le temps dépend de ma volonté: c'est un complément circonstanciel! Si je devais traduire cela en malgache le temps est sujet : « 5 heures, heure dans laquelle sera pris par moi le train ».  Un Malgache vit dans le temps, un temps circulaire, ne gère pas le temps linéaire où les évènements se succèdent.  Moi-même et beaucoup d’amis ont fait l’expérience suivante :  à Madagascar, à Tananarive quand ils sont allés prendre le train pour aller sur la côte, le premier réflexe du Français normal était d’aller voir l’horaire, parce que dans une gare nous avons un horaire. A quelle heure part le train ? Le Malgache ne va pas voir l’horaire, il va sur le quai, le train est là ou n’est pas là : ce n’est pas une question puisqu’il vit dans le temps et on n’est pas en train de vouloir gérer le temps. Ensuite, posez la question à un Malgache et regardez bien son regard quand vous lui demandez « à quelle heure part le train ?» c’est une question qui n’a pas de sens puisqu’il n’attend pas le départ du train, il est en train de vivre, chanter, échanger … sur ce quai et à un moment le train partira.
Allons encore plus loin,  les images sont liées à la langue et  diffèrent profondément d’un pays à l’autre. Dans notre langue nous parlons de prendre femme, tomber enceinte, tomber amoureux…  images intéressantes.  Aux US, quand son épouse est enceinte, le mari  peut dire  « we are pregnant » "nous sommes enceints ». J’aime ! et quelle ouverture d'esprit que d'entrer dans les images d'une autre culture, souvent intraduisibles. Chez nous, un dossier nous le mettons "sous le coude", aux US, vous le mettez sur le "brûleur du fond". tu me racontes des "mensonges" devient "plume de cheval". Chaque jour m'amenait son lot de découverte pour l'éclatement de mes limites de franchouillard. 
Toute langue est une richesse d’ouverture au monde.  Pour moi il est capital d’apprendre des langues étrangères non uniquement pour communiquer mais pour s’ouvrir à un rapport différent au monde: je compte bien avant de mourir apprendre le chinois non nécessairement pour le parler mais pour m'épaissir  de leur rapport  à la vie. Nous avons la chance et je dis bien chance d’être obligés de parler l’anglais, cela nous ouvre. Les Américains et les Anglais vont être bloqués dans leur créativité même, car ils n’ont pas cette obligation de s'ouvrir à une autre langue: certains Américains avec qui nous avons échangés en sont conscients.
En plus des mots, il y a comme nous l’avons vu toute la partie diction; certes nous avons tous des accents et dans toutes les langues les accents varient et à l’intérieur même d’un pays.  Surtout les langues exigent des  façons de prononcer diverses.  Ainsi la façon d’utiliser sa bouche n’est pas la même d’une langue à l’autre.  Le français parle du bout des lèvres, je pense que c’est l’une des raisons parce que c’est une langue très mélodieuse qui est formatée au niveau de nos lèvres que nous sommes considérés comme des charmeurs.  (j'ai toujours gardé mon accent français!) Pour l’anglais, la langue résonne au milieu de la bouche, pour l’allemand c’est beaucoup plus au niveau de la gorge.  D’ailleurs, actuellement les Coréens du sud vont plus loin : ils opèrent leurs enfants d’un élément de la bouche qui empêcherait de parler anglais correctement !
Différence également dans les sons qui expriment nos ressentis : avoir mal en France s’exprime par un aïe, alors qu’un Américain dira : « aoutch »… "miami" correspond à notre miamiam, "iaki"= beurk…. Etc.
Autre différence bien sûr ce sont tous les éléments du corps, les éléments de posture. Un américain, un africain, un asiatique, un européen ne marchent pas de la même façon.  Et si vous regardez la façon de se mouvoir, la posture la façon d’occuper l’espace différent d’un peuple à l’autre.
 Les éléments gestuels aussi sont très importants. Je suis capable à coup sûr de repérer un Américain même s’il parle très bien le français, simplement en lui demandant de compter avec les doigts. Lui, pour compter avec les doigts, va ouvrir l’index vers vous, la main ouverte vers vous alors que le français va commencer par le pouce, la main tournée vers lui-même.  Ce sont des réflexes qui sont tellement ancrés dans notre culture que nous ne nous rendons même pas compte que nous sommes formatés au niveau de nos gestes.  Nous sommes tous amenés à faire la remarque au niveau des Italiens sur leurs gestes et la retenue de certains peuples comme les Suédois et les Danois. J'ai toujours aimé vivre ce mimétisme avec les pays dans lesquels je me situe.
Si vous êtres en réunion en Allemagne pour vous signifier qu’ils apprécient votre conférence ils ne vont pas vous applaudir mais ils vont frapper avec leur poing sur la table, surprenant si vous n'êtes pas averti! les Malgaches eux pour vous montrer qu’ils ont apprécié votre conférence vont émettre un cliquettement au niveau de la bouche.  Chacun là peut raconter et lister ses propres surprises.
Les expressions faciales et les sourires varient aussi et n’ont pas la même signification.  Les Américains sourient spontanément, un Malgache sourira souvent par politesse, un Asiatique sourira même s’il n’est pas d’accord avec vous car c’est une façon de vous respecter tout en pensant le contraire, il pourra même vous tuer en souriant,  alors qu’en France très souvent un sourire est un signe d’approbation, d’accord avec la pensée de l’autre ; dans la vie courante nous sommes considérés comme un peuple qui ne sourit pas beaucoup.  Maman ne m’a-t-elle pas dit régulièrement quand j’était enfant : « ne souris pas bêtement ! »
Le vêtement et le look : là je ne pense pas utile de faire des commentaires sur les différences de vêtements ; ce que je suggère toutefois c’est de s’habiller comme les gens du pays ou d’au moins faire cette expérience ; je me suis toujours dit si l’Egyptien met une djellaba et un turban c’est qu’il y a des raisons liées au climat: j’ai adopté cette tenue quand j’étais en Egypte. C'est confortable et aéré!.J’ai porté le kilt en Ecosse, très agréable et très élégant. 
Pour les parfums en fonction des pays, les odeurs appréciées sont différentes et les parfumeurs doivent en tenir compte.  Ainsi les odeurs corporelles varient.
Chacun d’entre nous sur tous ces langages culturels peut en fonction de ses voyages,  rajouter à la liste. Le plus fréquent de ce que nous vivons tous, c’est le comportement de contact: toujours la joie et la surprise du voyageur, parfois le désarroi car nous ne savons pas ce qu’il faut faire entre se serrer la main, s’embrasser, se faire des accolades, se saluer mains jointes, s’incliner, échanger une carte de visite etc...sans parler dans ce domaine du rapport au corps de l’autre et du sexe opposé ou de même sexe avec des règles très différentes où certaines parties du corps considérées par nous comme particulièrement « chaudes » et sexués ne le sont pas ailleurs.  On conseillera à une dame d’éviter les bras dénudés en Inde etc.... il est important également lorsqu’on voyage de s’informer au minimum des comportements culturels, de politesse et de savoir vivre différents si l’on ne veut pas commettre un certain nombre d’impairs.
Quant aux langages écologiques, l’espace et le temps là aussi sont extrêmement différents.  En ce qui concerne l’espace, les distances d’intimité dont nous parlions précédemment varient.  Pour un Italien, l’espace d’intimité c’est 30 cm.  Donc, un Italien sera nécessairement proche de vous mais ce n’est pas, pour lui, entrer dans votre intimité.  Alors que nous Français, nous sommes particulièrement « agressifs »  pour les Américains parce que leur distance d’intimité est de 60 cm. Il fallait que j'y veille particulièrement et souvent j'étais trop "envahissant"... 
Quant au temps, les différences sont particulièrement importantes;  entre l’heure et plus 7 minutes, en France, nous ne sommes pas en retard ; c’est effectivement les différences entre les différentes montres.  A partir de 7 minutes un Français normal moyen, s’excusera du retard ; à partir de 15 minutes il faudra qu’il ajoute une raison à ce retard et à partir d’une demi heure, nous trouverons une excuse pour ne plus aller au rendez-vous.  Alors que pour un Allemand ou un Saxon,  l’heure c’est l’heure: si vous invitez un ami allemand chez vous à 20 heures, vous pouvez vérifier qu’entre moins cinq et moins dix, la Mercedes sera en stationnement devant votre maison, voulant être sûr de ne pas être en retard, il aura repéré votre maison et attendra l’heure pour sonner.  Alors que le Malgache, et je l’ai vécu difficilement au début, peut venir 1 heure, deux heures, 1 jour, 2 jours après le rendez-vous prévu et cela sans culpabilité et sans honte.  J’avais fixé parfois des rendez-vous à certains de mes élèves en leur disant:  nous nous voyons demain matin à neuf heures. Ils ne venaient pas.  En plus ils n’étaient pas gênés parce que quand ils me rencontraient dans la rue ils ne passaient pas sur l’autre trottoir.  J’ai mis beaucoup de temps à comprendre que ma façon de vouloir gérer le temps n’était pas du tout comprise dans ce type de culture. Vouloir gérer une affaire en Afrique, en pensant arriver le matin et reprendre l'avion le soir est illusoire. Il faut s'installer. 
Le rapport à l’autre ne passe pas nécessairement par les mêmes sens : ainsi dans notre culture, la relation passe par le regard. Maman me disait : regarde moi dans les yeux. Le regard est un signe de franchise. Le regard n’a pas la même signification d’une culture à l’autre : vous êtes en train d’attendre à un feu rouge, de l’autre côté un « beur » comme nous les appelons, d’origine maghrébine, de seconde ou troisième génération : regardez-le. En vous croisant il risque de vous lancer : « tu me cherches, toi ! ». Le regard dans certaines cultures est un signe d’affrontement. Plusieurs ont confirmé cette expérience: l’autre jour un ami me racontait cette anecdote : il était dans le métro avec son père de plus de 85 ans et cet homme, à la vue fatiguée, regardait vaguement un jeune d’origine maghrébine, sans doute sans le voir. Et le jeune l’a agressé en lui disant mot pour mot : tu me cherches toi ! Dur à vivre! questions culturelles. Ainsi dans certaines cultures le contact passe par le regard avec éventuellement des interprétations différentes, en plus dans d’autre culture le contact est plus physique : on se touche pour se sentir et non uniquement se voir. A Madagascar, quand la première fois, dans la rue, à Fianarantsoa, un ami malgache m’a pris par la main, j’ai eu du mal. Je le savais : les hommes comme en Egypte se tiennent la main ou par le bras. Mais entre le savoir et le vivre ! les formatages culturels sont forts. 
Le but n’est pas de tout connaître par rapport à cela: impossible de connaître les langages de toutes les cultures mais au minimum soyons conscients qu’il y a des langages communs et qu’il y a des différences qui si nous sommes ouverts vont nous enrichir. Vive Babel.
Tous les êtres humains, nous utilisons les mêmes langages mais ces langages en fonction de notre culture ont des contenus différents et pour conclure,  ce « gag »  que je raconte souvent : les sociologues ont fait une étude pour lister les comportements que nous mettons en œuvre entre le moment où nous croisons le regard d’une dame, pour l’homme que je suis et le moment où nous sommes dans une très grande intimité. Dans ce processus, les sociologues ont repéré que nous faisons entre 22 et 26 actes, du inviter à boire un café, au restaurant, offrir des fleurs, embrasser sur la joue, caresser les fesses, caresser les seins etc....Problème : l’ordre des comportements et des actes posés n’est pas le même d’une culture à l’autre.  Ainsi dans certains pays, il est commun d’embrasser sur la bouche en famille avec ses frères et sœurs et avec ses parents ; donc embrasser sur la bouche n’est pas un comportement hautement sexuel mais il peut l’être pour un Américain par exemple un peu puritain, qui se retrouve en Allemagne ou en Angleterre avec une girl-friend sympa. Elle, le trouvant sympa, va très vite l’embrasser sur la bouche puisque c’est un geste normal, lui va interpréter ce geste comme hautement sexuel et donc croire que c’est le moment « d’agir ».   Il ne comprendra jamais la paire de gifles qu’il a reçues et le ressenti qui l’accompagne : « Toutes des salopes ! » alors qu’il s’agit tout simplement d’un séquencement différent d’une culture à l’autre. 

En conclusion
Ainsi développer son humanité, sa personne, nécessite de  maîtriser tous ces langages : en être conscients car ils me formatent dans tous les espaces de ma vie et surtout ils me permettront de prendre en main ma vie, en pilotage manuel: dans mon corps pour le dynamisme, dans mes relations pour l’influence et la « se-duction », dans mes actions pour des œuvres d'art à créer, dans mes institutions pour des valeurs conscientes et le choix de ma vie. 
 Le  Chemin vers l’Humain (j’écris volontairement « Le » avec une majuscule et un article défini, car il n'y a pas d'alternative, même s'il y a des formes différentes) va du langage au Verbe, à travers 3 stades: 

  1. des langages humains reçus, avalés,  réducteurs, « qui me formatent », 
  2. aux langages/discours maîtrisés :  séducteurs manipulateurs, et la manipulation consciente est positive,
  3. à la Parole, Verbe créateur de la Vie, réalisateur de l’Humain, réalisateur de ma Personne.

      Le choix pour chacun, chaque jour, à chaque moment, sera la façon dont nous utilisons les langages dans nos relations:  pour les formatages, les pièges, les prisons ou les chemins vers la liberté.

Le langage est créateur :

Les langages humains sont centraux  pour nous bloquer dans notre inhumanité ou créer notre humanité.

  Ils conditionnent notre comportement et nous formatent au sens qu’ils donnent forme à notre corps, la plupart du temps à notre insu : exprimez vous « vulgaire » « n’importe comment » vous deviendrez « laid ».

   pourtant, ils nous permettent de nous élargir, au double sens de ce mot : libérer et offrir plus d’espace, vers la Beauté et l’Elégance.

  Ils sont bien sûr au coeur de toutes nos relations, ils les conditionnent, les manipulent, ils soumettent,  exploitent, séduisent

  Pourtant par eux nous communiquons, sé-duisons et créons l’Amour.

  Ils provoquent, accompagnent, prolongent, sous-tendent  nos destructions bruyantes lors de  nos réactions et colères inconsidérées et inadmissibles.

  Pourtant ils fleurissent dans des œuvres quand les langages deviennent Arts grâce à une expertise à toujours affiner

  Ils sont les radotages de nos leçons de morale hypocrites,  les cloisons protectrices de nos certitudes affichées, les paravents de nos peurs incontrôlées, les justificatifs de nos aventures non vécues ou uniquement virtuelles

  Pourtant ils sont les clefs  pour bâtir nos valeurs autonomes,  ils sont la pierre d’angle de notre vision de la Vie

Les langages nous maintiennent  dans nos formatages, conditionnements, manipulations, exploitations, agressions, morales ou nous entraînent vers  Liberté, Beauté, Amour, Art, Vision.  C’est le travail de chaque jour auquel je vous convie avec cette première étape qui consiste à être conscient de tous les langages de nos vies et à danser par eux La danse avec l’Autre.